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Dieu veut du fruit
Le chapitre 15 de l’Évangile de Jean nous rapporte une partie du discours de Jésus avant son arrestation et sa mort. Ces paroles ont donc une valeur de testament spirituel.
Aux versets 7 et 16, Jésus parle de la prière exaucée, et de la nécessité d’un «protocole» qui respecte la souveraineté de Dieu:
-—demander au Père
—demander au nom du Fils –
—demeurer soi-même en accord avec les paroles dites par Jésus et inspirées par le Saint Esprit.
Mais plus encore que la prière,
ce texte nous parle du fruit de l’Esprit, ce fruit dont Paul dit aux Galates qu’il est amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, douceur, fidélité, maîtrise de soi. Ici, Jésus nous apprend que Dieu est comme le vigneron de nos vies: toutes ses interventions, toutes ses directives ont pour but principal de produire en nous du fruit en abondance. Bien plus: si nous voulons que nos vies glorifient le Seigneur, il ne suffit pas de le déclarer par le chant et la prière, il faut le vivre en portant du fruit (v. 8).
Remarquons que,
dans Jean 15 comme dans Galates 5/22,
«fruit» n’est pas au pluriel, mais au singulier, car il n’y a qu’un seul fruit que Dieu veuille cueillir dans nos vies: c’est l’amour. Fruit, non pas de nos sentiments, mais plutôt de notre obéissance.
Quand Dieu nous commande d’aimer, il ne nous demande pas de ressentir cet amour-là, mais de le prodiguer. Être disciple de Jésus, ce n’est pas se montrer capable d’aimer (tout le monde en est capable), c’est vouloir aimer.
Et c’est découvrir qu’on y parvient non pas au terme de nos efforts, mais par l’action du Saint-Esprit, parce qu’on est attaché à Jésus-Christ, dans la soumission au Père.
Sarment stérile et sarment productif
Le verset 2 montre deux sortes de sarments pour le vigneron: le stérile et le productif. Mais dans les deux cas, le sécateur est employé.
Donc pas moyen d’y échapper! Une différence pourtant: le sarment productif reçoit la correction du sécateur, tandis que la branche stérile est entièrement sectionnée. C’est qu’il y a deux sortes de vies chrétiennes:
celle qui ne produit aucune manifestation visible de l’amour de Dieu, et celle qui porte le fruit attendu, propre à sa nouvelle nature. Même si ce n’est encore qu’un petit bourgeon sans maturité, il est visible et réchauffe le cœur du vigneron.
Alors ce dernier saisit son instrument
et, délicatement, il taille cette branche porteuse pour augmenter son rapport.
Dans nos régions, nous pouvons tous voir, en automne, quelque temps avant les vendanges, de nombreuses grappes joncher le sol, entre les ceps.
Ces raisins semblaient pourtant beaux et nous auraient bien contentés; cependant, le vigneron en avait jugé autrement, ayant en vue un fruit encore meilleur. Il est réconfortant de savoir que l’élagueur ne travaille pas de manière arbitraire ou capricieuse.
Il ne coupe pas par plaisir. Il a un but: rendre le fruit plus savoureux, plus riche. Même si pour cela il doit sacrifier quelques belles grappes par-ci, par-là.
C’est pourquoi tous ceux qui écoutent aujourd’hui l’enseignement de la Parole de Dieu sont considérés comme des sarments productifs que Dieu a déjà émondés et qu’il émondera encore.
Cependant, avant de considérer la manière dont Dieu tranche dans nos vies, regardons comment il l’a fait envers son propre Fils.
La presse à huile pour Jésus
Ésaïe nous dit de Jésus qu’il «grandira devant lui comme une faible plante» (És. 53/2). n a donc été entouré de soins tout particuliers puisque cette faible plante a donné le meilleur fruit jamais porté par une vie d’homme. Qui d’autre que le divin vigneron pouvait lui prodiguer ces soins?
Jésus a dû abondamment goûter du sécateur pour produire le fruit de notre salut. Nous le voyons déjà avant sa naissance. Quand Marie était enceinte, Joseph voulait rompre secrètement avec elle (Math. 1/19). Joseph était prêt à utiliser le sécateur pour couper toute relation avec Marie.
Mais Dieu envoya son ange
pour trancher a plutôt dans l’amour-propre de Joseph. Lui qui était un homme d ‘honneur, fut conduit à reconnaître un fils qui n’était pas de lui. L’honneur d’être le père adoptif du Messie valait bien ce sacrifice d’amour-propre… Puis ce fut le voyage en Égypte, pour fuir la folie meurtrière d’Hérode.
Ce dernier était prêt à retrancher Jésus du monde des vivants. Mais Dieu, prenant soin de sa faible plante, a lui-même procédé à l’émondation:
couper Jésus de son pays natal, faire de sa famille des interdits de séjour pour plusieurs aînées en Israël, en faire des fuyards, des étrangers en Égypte. Tout cela en vue du fruit d’amour du Père, qui en Jésus fera de nous des citoyens de son royaume.
Même pour le Fils de Dieu, il n’existe pas d’échappatoire au brisement Il a été soumis pendant quarante jours à la tentation. Il a subi la mise à l’écart des synagogues, l’opposition ouverte des pharisiens.
Et le voici prêt à gravir la montagne du Calvaire: dans quelques heures ce sera Gethsémané (littéralement: la presse à huile). Jésus a subi la morsure du sécateur, et le Père a été glorifié, car le Fils a ainsi produit ce fruit merveilleux.
Il a donné sa vie comme un berger qui se sacrifie pour sauver ses brebis.
«Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis» (v. 13).
Le sécateur pour nous
Dès lors, si Dieu n’a pas épargné son propre Fils, il ne nous épargnera pas non plus. Non pas pour nous punir, mais pour nous sanctifier… C’est pourquoi, posons-nous la question: nous qui sommes au Christ, qui portons déjà du fruit, qui désirons glorifier Dieu et porter beaucoup de fruit, comment réagissons-nous quand le Père nous émonde?
Si Dieu faisait lui-même le travail, et nous en avertissait dans un songe, comme pour Joseph, cela serait encore facile à accepter, à comprendre. Mais souvent il choisit d’utiliser au pour nous élaguer. Et cela, nous l’acceptons beaucoup moins bien. Surtout si celui que le Père emploie comme sécateur est moins spirituel que nous mêmes! Ainsi par exemple fut donné à Potiphar le loisir d’éprouver Joseph, à Nébucadnetsar de purifier par le feu les trois jeunes Hébreux, Méschac, Shadrack, et Abed-Négo.
C’est ainsi que David supporta les paroles injurieuses de Chimeï, lors de sa fuite devant Absalom. Parce que David savait que Chimer était le sécateur de Dieu (cf. 2 Sam. 16/10—13), il s’est soumis aux paroles blessantes et aux malédictions, conscient qu’il en résulterait du bien.
Ecoutez ce qui suit :
Mais ce n’est pas souvent que nous réagissons comme David. Quand c’est Dieu lui-même qui dénonce mon orgueil et m’en donne conscience, par exemple dans mon recueillement personnel, je puis encore l’accepter.
Mais lorsque d’autres le font, par exemple en regardant comme rien le travail que j’ai pourtant accompli de mon mieux, voilà que je me rebiffe, que je me surprends à être irrité et à répondre sur un ton agressif.
Quand je suis seul avec Dieu, je reconnais volontiers mon ignorance, mon incrédulité. Alors que si quelqu’un m’accuse de manquer de foi, je cherche à lui prouver le contraire par le récit de mes expériences.
Nos armures spirituelles ont des failles, reconnaissons-le. Et au lieu de nous apitoyer sur nous-mêmes à cause de ces points faibles, soumettons-nous plutôt à l’action du divin sécateur qui ne manquera pas de toucher ces points sensibles dans le seul but de produire «encore plus de fruit» — pour sa gloire.
Cet élagage n’est pas une partie de plaisir, mais il en vaut la peine. Hébreux 12/11 dit: «Certes, sur le moment une correction n’a rien de réjouissant, c’est plutôt une expérience pénible. Plus tard cependant elle produit chez ceux qui se sont ainsi laissés former un fruit précieux: une vie juste, conforme à la volonté de Dieu.
C’est ce plus tard sur lequel le Vigneron a les yeux.
Pour que tout aille bien
«Reconnais l’Éternel dans toutes tes voies et il aplanira tes sentiers» (Prov. 3/6).
Reconnais-le, fais de lui le le directeur de ta vie; n’aie pas d’autre volonté que la sienne; sois prêt à tout ce qu’il voudra…
Aucune difficulté n’est insurmontable lorsque c’est lui qui nous y conduit; aucun fardeau n’est lourd, lorsque c’est lui qui le met sur nos épaules.
Au contraire, l’attitude d’orgueil et vis-à-vis de lui, qui est le lot de tous ceux qui ne reconnaissait pas que Dieu a des droits sur eux, les mène toujours à la banqueroute. Un rien suffit à les faire tomber.
Dans toutes tes voies. ne suffit pas de à Dieu la direction générale de notre vie; chaque détail doit en réglé par lui. Voilà ce qui rend indispensable la prière constante, la communion ininterrompue avec Dieu, par le Saint-Esprit