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Il semble que nous Israéliens devions toujours faire face à la guerre. Toute période de paix est bien vite troublée par un nouveau conflit, soit avec les Arabes, soit avec les Palestiniens ou encore avec les Égyptiens. Lorsque je suis arrivé en Israël en 1947, j’ai combattu contre les Arabes pour la création d’un État juif, et depuis lors j’ai toujours dû me battre. Aujourd’hui encore je suis en service actif.
En tant que Juif messianique, je dois aussi tenir tête à mes compatriotes qui me haïssent en raison de ma foi. Ainsi, un camarade de régiment, un rabbin dans le civil, m’a persécuté pendant 19 ans.
Lorsque je me suis enrôlé en 1947,
j’ai appris comment désamorcer les mines. Dans les années soixante, alors que nous n’étions pas en guerre, j’ai initié de jeunes recrues à ce dangereux travail. Or chaque fois que j’accueillais une nouvelle volée, le rabbin me harcelait et avertissait les soldats: — Prenez garde, cet homme pourrait vous empoisonner!
Mais en l’absence du rabbin, je demandais aux recrues:
— Eh bien! lequel vous a succombé à mon poison?
Chacun voulait savoir alors de quel poison il s’agissait, ce qui me donnait l’occasion de leur dire que je croyais en Jésus-Christ.
— Jésus? Mais c’était un inquisiteur! (Ils se référaient à l’Inquisition espagnole, car les Juifs savent qu’à l’époque, des chrétiens ont torturé et tué un grand nombre de leurs ancêtres).
Aussi leur expliquais-je que si ces gens avaient vraiment été des chrétiens, les Juifs n’auraient pas perdu un cheveu de leur tête. C’est donc à tort que ces inquisiteurs se disaient chrétiens!
Année après année, le rabbin continuait de me harceler et à manifester par tous les moyens son opposition à mon égard. En 1967, lors de la guerre les Arabes, le rabbin et moi fûmes assignés à la vallée du Jourdain pour y détecter les mines déposées par nos ennemis et les désamorcer. Inutile de dire que c’était une tâche très périlleuse, d’autant plus que les mines étaient dissimulées dans de hautes herbes; les Arabes reliaient ces bombes entre elles par des fils de fer très fins passant d’un arbre à un autre, et si quelqu’un avait le malheur de toucher un de ces fils, tout un chapelet de bombes sautaient en même temps, tuant jusqu’à vingt ou trente soldats à la fois.
“Réalités de la foi”
Un jour que nous nous frayions un chemin à travers champs, le rabbin et moi, la réflexion du soleil me permit d’apercevoir l’un de ces fils, indice d’un dangereux piège. Si je ne m’étais pas trouvé à cet endroit précis, je n’aurais pas vu le reflet sur le fil. Au même instant j’aperçus le rabbin marchant dans cette direction. Je savais que de sa position il ne pouvait apercevoir le fil. Je cou-us à lui et le saisis à bras-le-corps. Se redressant, il s’écria :
— Mais qu’est-ce que tu fais ?
— Tu vois ce fil ?… Tu as presque sauté sur une mine. Tu as beau être un rabbin, tu es aussi un soldat, et tu étais à deux doigts d’être un soldat mort!
Ses yeux s’écarquillèrent puis, sous le choc, il tomba à la renverse. Au bout d’une minute il se ressaisit et dit:
— Tu sais, à ta place, je t’aurais laissé mourir, après tout ce que je t’ai fait!
— Parce que je crois au Seigneur, je ne pouvais pas te laisser mourir, malgré tout ce que tu m’as fait. Seul l’amour du Christ m’a empêché de te laisser tomber dans ce piège; c’est pourquoi tu es encore en vie ! Ce n’est pas moi, mais Dieu qu’il faut remercier.
Cet homme ne fut plus jamais le même. Des ténèbres les plus obscures, il passa à la lumière la plus brillante. Au lieu de prévenir les jeunes recrues du poison que je pourrais leur inoculer, il faisait mon éloge. Il demanda pardon à tous ceux qui avaient été témoins de ses vexations à mon égard, et chaque fois que je courais un risque, il me couvrait
J’ignore s’il est devenu chrétien, mais je sais qu’il m’aime. Il m’a invité chez lui pour parler de ma foi et rappeler mon intervention salutaire quand nous étions ensemble sur le front. Je ne sais pas si quelqu’un n’ayant pas la foi ferait ce qu’il a fait pour moi. Bien sûr, s’il croit en Jésus-Christ, il ne peut l’avouer publiquement. Mais n’y a-t-il pas de nombreux croyants en secret, même parmi les Juifs ultraorthodoxes? Sa nouvelle façon de vivre, sa vie transformée et ce qu’il a appris dans nos échanges me permettent de dire qu’il n’est plus le même homme.
Ce dont le monde a besoin
Un peu plus de nous et un peu moins de moi..
Un peu plus de sourires et un moins de soupirs…
Un peu plus bonté et un peu moins de raideur…
Un peu plus d’amour et un peu moins d’égoïsme…
Un peu plus de libéralité et un peu moins d’avarice…
Un peu plus de joie et un peu moins de sévérité…
